Les évènements se présentent à nous en rebond passant de notre intériorité en direction du monde extérieur, c’est-à-dire que nous projetons ce qui est en nous à l’extérieur. Des énergies en nous non réglées et manifestes se jouent à notre place sur un plan individuel mais aussi au niveau collectif. Dès que les manifestations difficiles ou les épreuves de la vie bousculent nos schémas de personnalité parfois jusqu’à une rupture, cela interroge sur les raisons de ces manifestations. Sur un plan alchimique, l’œuvre au noir se présente pour se reconstruire. Dès que nos expériences de souffrance sont assez matures, nous pouvons choisir de regarder les énergies présentes en nous, en alliant courage, détachement et bienveillance envers soi. 

Pour ce faire, descendre dans les profondeurs de son être, regarder ces différentes énergies en nous et les traiter font partie d’un cheminement intérieur de développement et d’élargissement de conscience. En étant attentif à son quotidien, on peut se demander, par exemple, pour quelle raison on ressent à ce moment précis du ressentiment pour telle personne ou telle situation. Au-delà de la situation, prendre la responsabilité d’une énergie décelée en nous, telle que des énergies de la vanité, d’orgueil, de puissance, de jalousie, de possessivité… nous apporte une nouvelle lecture. En s’interrogeant sur ce que cela signifie, nous pouvons alors prendre en main ces énergies pour se délester de l’autorité qui œuvre en nous. C’est un travail progressif, délicat et parfois inconfortable qui nous amène à chercher “ces mauvaises influences” les unes après les autres dans ces profondeurs, tout en sortant de la culpabilité et de notre héritage, dans le but de nous inscrire vers une transformation radicale de notre être.

Par la loi de la résonance, si nous sommes à notre place à l’intérieur, alors nous sommes à notre place à l’extérieur. Si des frictions, difficultés ou contradictions se manifestent, c’est que le moment est opportun pour se retourner intérieurement. Les épreuves sont nécessaires pour que l’homme grandisse et accède à un potentiel plus grand, dans une dimension d’Être où l’on ne pensait pas aller. 

Les textes sacrés ont pris un sens parfois détournés, contraires ou grossis afin que l’homme puisse par lui-même expérimenter et pousser les voiles de la vérité, au fil de sa progression puis de sa transformation. Pour ressentir les différentes énergies et s’accomplir d’elle, il faut qu’elles se manifestent lors d’une situation où l’on pourra prendre en charge cette énergie telle que la tristesse et, poser les étapes nécessaires de compréhension, d’acheminement et de transfert en une polarité plus joyeuse. Ces rites de passage transfigure l’énergie et la conscience de celle-ci.

Se retourner, c’est aussi construire son arbre de la connaissance de l’intérieur avec l’acquisition d’une sagesse nourrie par le divin et non, par une connaissance acquise uniquement du monde extérieur. Avec ce second acte, de fait, l’homme manque de sagesse et la polarité négative joue contre lui puisque ses démons ne sont pas encore maîtrisés.

Dans l’épreuve, l’homme choisit soit de tirer en épingle les énergies négatives dans une réponse en excès qui, le déstabilisera fortement à terme par l’apparition de nouveaux symptômes, d’une fatigue, de vol d’énergie ou bien, l’homme dépasse l’autorité qui œuvre en lui et devient libre. A cet instant, l’homme est donc vérifié dans l’épreuve afin de gravir des plans de conscience et déployer son potentiel. 

Si l’homme ne passe pas ces épreuves en mutation et en purgeant les blessures, il ne pourra pas passer les barrières ontologiques attenantes qui, maintenant une protection, le repousse vers de nouvelles difficultés à suivre. 

Par ailleurs, une valeur physique présente au niveau somatique fait intervenir la présence d’une valeur énergétique qui sont conjointement liées, l’une indicateur de l’autre. Passer par l’extraction énergétique éradique souvent la valeur physique qui s’installe en miroir, en passant par la conscience.

L’arbre de la connaissance est l’arbre que nous faisons croître au fil de l’accomplissement des énergies potentielles “animales” transformées et, engendrant de la connaissance. Ainsi, construire cet arbre symbolique implique qu’une partie de nous accepte de mourir pour qu’une autre dimension de l’Être puisse naître. Travailler notre partie animale est avant tout assumer “ses animaux sauvages” et les transmuter avec amour, tout en renonçant à nos sentiments d’injustice, nos attachements et nos désirs de vengeance, de domination, de cupidité ou d’envie…

Ces énergies nouvellement réalisées donnent leur information ;  ce qui permet d’accéder à une nouvelle connaissance et une sagesse dans une reliance “matière à esprit”. A contrario, quand ces énergies ne sont pas prises en charges, ces dernières se retournent contre nous dans la maladie ou de la violence, comme pour conjurer de nouveau notre propre retournement. Chercher ces énergies de violence dans nos profondeurs, les traiter et les conduire, aidées d’une alchimie subtile, participent ainsi à une étape de transformation et de verticalisation de l’Être. 

Une intelligence de hautes énergies forcent la manifestation des épreuves pour que l’homme puisse aller plus loin dans le développement de son potentiel et vérifient l’homme dans son exercice et sa réponse. 

Annick De Souzenelle, Auteur théologienne psychothérapeute jungienne évoque le processus de différenciation de 2 identités en chacun de nous :

• le conscient : “le fils de la femme ou fils biologique” 
• l’inconscient : “le féminin intérieur ou le fils de l’homme” soit le féminin de nos profondeurs

Nous avons tous à travailler le féminin de nos profondeurs en assumant la réserve d’énergies existentielles non réalisée pour équilibrer notre intériorité. Par le traitement synergique de ces énergies et leur nouvelle information, l’homme peut accéder à des étapes de conscience de plus en plus grande et l’apparition de son féminin intérieur. Ce qui se dénoue en une nouvelle intelligence et une sagesse mais aussi de se réjouir d’une exaltation et d’un bien-être permanent, d’augmenter sa potentialité, de percevoir des ouvertures de synchronicités… Ainsi, c’est “le fils de l’homme” en chacun de nous, déterminant la liberté et la potentialité que nous devons faire DEVENIR, pour s’accomplir à l’intérieur, dans un processus de transformations successives de l’être.

Heidegger, philosophe allemand évoque quant à lui que tout homme est un Dasein potentiel, c’est-à-dire que l’étant (l’homme) doit être remis en question pour accéder à son plein potentiel et accéder au statut de Dasein, de conscience, d’ouverture sur l’Être par la métaphysique. L’Être est en relation avec le monde, assume sa condition et ses possibilités. Le Dasein par son éveil sur son Être et sa relation au monde extérieur se confronte aux choses et conditionne sa liberté.

L’homme a des traductions erronées des textes sacrés donnant parfois un sens contraire, pour parfaire l’homme à l’expérimentation et le passage de voiles, lui laissant découvrir peu à peu la perfection des connaissances. Dans les noces de Cana de l’Evangile, Jésus intervient en changeant l’eau en vin car il n’y a plus d’amour dans le couple, il n’y a plus de vin en symbole. De nos jours, nous sommes en train de perdre la valeur de nos vins de nos viticulteurs, parce qu’au niveau symbolique, il y a de moins en moins d’amour entre nous… Des énergies de désamour se dispersent dans le collectif, suggérant à l’homme son besoin de retournement intérieur. La société est en train d’être elle-même retournée à travers de nouvelles difficultés jour après jour au niveau collectif.  En perte de repères, de sens, de valeurs et manque de sagesse, qui cette dernière s’accomplit uniquement par la voie intérieure, nous pousse à nous relier aux normes ontologiques et réguler notre intériorité pour ne projeter que de l’amour, libérés de nos attachements internes. Cela engendre une mort et un renouvellement de l’être pour accéder à un regard juste et clair sur le monde, à la connaissance de soi et à un accès en circuit continu à l’intelligence et la sagesse divine.

Annick de Souzenelle – Le symbolisme du corps humain